Les Sfaxiens n’ont plus le droit de continuer à décevoir dans leur jeu et à gâcher de précieux points. C’est le moment ou jamais pour eux d’afficher leur montée en puissance et de montrer les dents.
Après le point du nul ramené du périlleux déplacement à Tunis dans un classico que le Club Africain a dominé de bout en bout sans pouvoir concrétiser son ascendant par un succès qu’il n’aurait pas volé, le CSS n’a pas intérêt à se contenter cet après-midi d’un maigre partage des points et se doit d’appuyer un peu plus sur l’accélérateur et de passer la vitesse supérieure. Contre l’ESZ, il sera dans son arène du Stade Taieb Mhiri et devant un public qui sera le 12e homme dans ce match à enjeu capital, devant une double obligation: vaincre et convaincre. On attend de lui, certes en premier lieu, le résultat pour s’approcher du trio de tête. Mais on exigera aussi de lui la manière pour en finir avec ce jeu à l’économie, attentiste, sans génie en matière de créativité, sans grande variété dans le travail offensif, sans richesse en occasions créées et sans efficacité devant le but. L’entraîneur Alexandre Santos est sans doute conscient que les supporters sfaxiens ont hâte de retrouver ce jeu fluide, fait de passes courtes, à une seule touche de balle, avec un rythme accéléré et des percées sur les couloirs et en plein axe adverse qui ouvrent des fissures dans le béton des défenses les plus hermétiques. Vainqueur de l’Espérance Sportive de Tunis lors de la cinquième journée, l’Espérance Sportive de Zarzis est une véritable toile d’araignée quand il s’agit pour elle de défendre son périmètre du but et un danger constant dans les contres rapides qu’elle manie avec habileté, rapidité et une redoutable efficacité. Ce n’est pas par hasard que les hommes du coach Anis Boujelbène ont aligné 4 victoires en cinq rencontres et occupent la troisième place. Pour le technicien portugais, cette obligation d’empocher les trois points aux dépens d’une équipe très coriace et un réel dur à cuire est un vrai casse-tête. Comment parvenir à l’objectif sans courir le risque d’être pris au piège, voilà la rude épreuve que le coach Alexandre Santos va connaître dans ce qu’on peut qualifier comme premier virage important dans son parcours et destin à la tête des Sfaxiens.
Quelle approche tactique pour une partie à hauts risques ?
Il est évident que la première condition de la réussite de ce match clé passe par une bonne gestion tactique du débat pour bien contrecarrer le système en 3-5-2 de Boujelbène. Une charnière centrale à trois, devant le portier Aymen Dahmen qui a reconquis après un seul match son statut de numéro un ? Avec Koffi Constant Kouamé (l’un des meilleurs défenseurs axiaux du championnat et meilleur joueur étranger du CSS jusqu’à ce jour) sans concurrent pour le poste de titulaire, alors que Salah Harrabi, Haythem Ayouni et Mohamed Nasraoui resteraient en ballottage pour deux places dans cette formule pressentie ? Ou une défense classique à quatre où les deux arrières latéraux Rayen Derbali (côté droit) et Hichem Baccar ( sur le flanc gauche) se consacreraient en priorité au boulot défensif ? Les deux formules présentent des avantages comme elles ont aussi leurs inconvénients et il y aura, à coup sûr, sinon difficulté du moins hésitation pour le choix du schéma de départ. Il y aura aussi l’embarras du choix dans la composition du milieu de terrain. Une paire de joueurs sentinelles à vocation défensive avec une ambition limitée et freinée dans la transition rapide et la projection vers l’avant (Pedro Sá et Moussa Bella Conté ) ou une option pour un entrejeu plus audacieux, plus créateur avec Gaoussou Traoré et Firas Sekkouhi ? Le choix d’une défense à quatre, avec un axial en moins, offrirait la belle opportunité pour le très doué Mohamed Absi ou le prodige Youssef Becha d’être le parfait point de liaison et joueur station avec la ligne d’attaque.
Ce serait un 4-3-3 qui aurait belle allure et serait la grande métamorphose dans le jeu offensif des “Noir et Blanc” et dans la stratégie d’Alexandre Santos, obligé de jouer pour gagner.
Le coach portugais sera également devant le dilemme de trancher, devant une variété de choix dans le compartiment offensif, pour les deux joueurs animateurs sur les couloirs. Si Waddhah Zaidi est intouchable sur le côté gauche pour mieux étirer le jeu, déborder en permanence et multiplier les centrages tout en assurant le repli en cas de perte du ballon, côté droit, la balance paraît pencher cette fois en faveur de Mohamed Dhaoui, aux dépens de Fabien Winley plus agressif, mais moins rapide, pour être l’ailier qui ouvre des brèches par ses dribbles déroutants en pleine course dans la défense des Zarzissiens recroquevillés derrière et offre par la multiplication de centres bien ajustés un bon nombre d’occasions de trouver le chemin du but sur des jaillissements et coups de tête au premier poteau ou des reprises des deuxièmes balles repoussées de justesse et avec difficulté dans une forêt de jambes dans la surface d’une ESZ la plupart du temps sur la défensive. La meilleure pointe pour ce duel qui sera sûrement plus dans les airs qu’à ras de terre ne pourrait être que Amen Allah Habboubi même si Rubin Hebaj, s’il s’est bien remis, a le grand gabarit et les qualités athlétiques pour ce genre de bataille qui sera des plus âpres et, à un degré moindre, Hazem Haj Hassen. Le succès de la grande remontée au classement que chercheront les Sfaxiens par tous les moyens sera tributaire du degré d’audace que mettra Alexandre Santos dans son système de jeu et dans la composition de son onze de combat et de sa capacité à bien gérer la physionomie d’un match qui ne manquera pas de suspense et de grands rebondissements.